Avec 114 000 visiteurs, dont près de la moitié âgés de moins de 25 ans, la 4e édition du Festival du Livre de Paris 2025, tenue du 11 au 13 avril au Grand Palais, a marqué une inflexion décisive. À travers une fréquentation en forte hausse, une programmation pensée pour la jeunesse et une offre éditoriale élargie, l’événement a su capter l’attention d’une génération de lecteurs en quête de récits, de représentation et d’interaction. Plus qu’un salon, une photographie du paysage littéraire en mouvement.


Une fréquentation en forte hausse
Dès l’ouverture, la jeunesse s’est imposée comme le cœur battant du festival : 8 000 élèves franciliens ont été accueillis le vendredi grâce à des partenariats pédagogiques, incarnant une volonté politique de rapprocher le livre de la salle de classe. Le Pass Culture, la stratégie numérique (TikTok en tête), les lectures dessinées et les ateliers participatifs ont activé des leviers puissants pour séduire ce public.
Avec près de 50 % de visiteurs de moins de 25 ans, le festival confirme un basculement générationnel. Loin d’un simple public cible, la jeunesse apparaît comme un moteur structurant de l’écosystème du livre.
Une offre jeunesse renforcée
La participation de 450 maisons d’édition (contre 320 en 2024) illustre la vitalité du secteur. Côté jeunesse, des maisons comme Gallimard Jeunesse, L’École des Loisirs, Bayard, Talents Hauts, Auzou ou Little Urban ont multiplié les échanges avec un public venu en famille ou en groupe scolaire. L’accent mis sur l’interactivité et les formats courts a su répondre aux pratiques de lecture fragmentées des plus jeunes.



Plus de 1 200 auteurs ont rythmé les trois jours du festival entre dédicaces, scènes de lecture et tables rondes. Parmi eux : Vincent Cuvellier, Susie Morgenstern, Timothée de Fombelle, mais aussi Clémentine Beauvais, Julien Dufresne-Lamy ou Anne-Fleur Multon, confirmant un paysage en mouvement.
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Romance et manga en vedette
Deux genres ont particulièrement tiré leur épingle du jeu : la romance et le manga, symboles de l’appétence des jeunes pour des récits émotionnels et immersifs.
Côté romance, la présence doublée d’éditeurs spécialisés a traduit l’explosion du segment Young Adult / New Adult. Le succès du titre Fallen Majesty (750 exemplaires vendus en avant-première) sur le stand d’Hugo Publishing illustre cette dynamique, largement alimentée par les communautés de booktubeurs et influenceurs.
On voit une génération très impliquée, qui vient rencontrer ses auteurs et acheter des livres découverts sur TikTok , note Hugues de Saint Vincent, directeur d’Hugo Publishing (source : Livres Hebdo)
Côté manga, des éditeurs comme Kana, Glénat Manga, Pika Édition ou Ki-oon ont su capitaliser sur des dispositifs forts : espace One Piece, exposition autour de la mer, quiz interactifs. La file d’attente pour rencontrer Julien Neel ou les cosplayeurs de l’univers de My Hero Academia en témoignait.


Des ventes en forte progression
Avec 90 200 ouvrages vendus en trois jours, le festival enregistre une progression de +32 % par rapport à 2024. La croissance s’explique par la diversité des catalogues, la présence de nombreux titres en avant-première, et la reconnaissance croissante de la littérature jeunesse comme pilier éditorial.
Un modèle économique en transition
Mais les enjeux dépassent les ventes. L’organisation amorce une transition vers un modèle économique mixte : 50 % financé par des partenaires publics, 50 % par des fonds privés d’ici 2028. Cette évolution vise à réduire les coûts de participation, notamment pour les petites maisons d’édition. Cette année, des structures comme Éditions du Pourquoi Pas, La Joie de Lire ou Les Fourmis Rouges ont gagné en visibilité grâce à un plan de répartition des stands repensé.
Le livre entre formats et écrans
Les rencontres autour de la littérature jeunesse ont mis en lumière des thématiques actuelles : identité, écologie, diversité, mais aussi adaptation. L’ambiance y était autant pédagogique que conviviale, propice à un dialogue sincère entre auteurs et jeunes lecteurs.
L’essor du livre audio, porté par Audible, a nourri les réflexions sur les nouveaux usages : pour une jeunesse hyperconnectée, l’écoute devient un mode de lecture complémentaire, mobile et accessible.
Autre tendance forte : les passerelles vers le cinéma. L’espace consacré aux adaptations a valorisé des projets comme Le Pays des Autres de Leïla Slimani ou Les Strates de Pénélope Bagieu, montrant que l’écran peut servir de tremplin à une nouvelle lecture.
Une lecture en mutation
Lectures dessinées, dédicaces, contenus audio, discussions sur les pratiques culturelles : le festival a mis en lumière une jeunesse en quête d’interaction, de formats hybrides et de diversité. Le livre se lit toujours — mais il s’écoute, se performe, se partage aussi. Les usages évoluent, et avec eux, les modèles éditoriaux.
À retenir :
→ 114 000 visiteurs, dont 50 % de moins de 25 ans
→ 8 000 élèves accueillis dès le vendredi
→ 450 maisons d’édition, 1 200 auteurs présents
→ 90 200 livres vendus, +32 % par rapport à 2024
→ Trois genres moteurs : jeunesse, romance, manga