
Vincent Cuvellier, c’est une plume libre, un regard tendre et irrévérencieux sur l’enfance. De Brest à Émile, retour sur le parcours d’un auteur pas comme les autres.
De Brest à la scène littéraire : un parcours atypique
Vincent Cuvellier naît en 1969 à Brest, dans une auberge de jeunesse tenue par son père. De quoi faire de ses premières années un terrain d’observation, peuplé de routards, de rêveurs et d’histoires. Mais l’école, elle, ne deviendra jamais un lieu d’épanouissement pour lui. C’est là qu’il découvre la sensation d’être en décalage et l’ennui. Il redouble deux fois — une ironie pour un futur auteur jeunesse. Pourtant, c’est dans ce rejet des cases qu’il forge sa liberté de pensée.
Premier livre, première récompense : l’émergence d’un talent
À 16 ans, il quitte définitivement le système scolaire et enchaîne les petits boulots. À 17 ans, il écrit une nouvelle, La troisième vie, qui reçoit le Prix du Jeune Écrivain. Cette reconnaissance précoce met en lumière un ton unique : Vincent Cuvellier refuse le tiède. À cette époque, sans ordinateur ni téléphone, il écrit à la machine et poste ses textes dans des enveloppes kraft, y mettant tout son cœur et ses maladresses.



Un parcours singulier, un style affirmé : l’écriture comme terrain d’expérimentation
Avant de devenir auteur à plein temps, il est pigiste au Dauphiné Libéré. Quatre ans plus tard, il s’achète un sac à dos et part à pied à travers la France, de Sarlat à Brest. De cette errance naîtra Kilomètre zéro (2001), son premier roman, déjà marqué par son style sensoriel et direct. Suivront Tu parles, Charles !, La nuit de mes 9 ans, et bien d’autres ouvrages où il garde sa voix authentique, drôle, parfois poétique et légèrement rebelle.
Ce qui m’intéresse, c’est la rencontre avec le jeune lecteur. Il faut lui donner des clés sans lui donner de réponses toutes faites.
Vincent Cuvellier, (ActuaLitté)
Émile, l’enfant pas sage (et c’est tant mieux)
Vincent Cuvellier trouve un complice de jeu en Ronan Badel, l’illustrateur. Ensemble, ils créent Émile, un petit garçon aux sourcils froncés et à l’humeur orageuse. Un enfant rebelle qui déteste les légumes, refuse de se conformer aux règles et ne demande jamais pardon. Émile incarne une enfance débridée, sans faux-semblants. Cette série rencontre un succès immédiat, apportant une liberté et une vérité crue à la littérature jeunesse.
Cuvellier ne se limite pas à ce personnage. Il s’aventure aussi dans d’autres registres : la bande dessinée avec Le Temps des copains (Casterman) et des séries d’aventures comme Alexandre sur les flots (Little Urban), où son style trouve un nouveau terrain d’expression.



Une vision engagée de la littérature
Vincent Cuvellier défend une littérature libre, sans contraintes morales ou sociales. Il écrit pour les enfants mais aussi pour un public adulte, sans simplifications excessives. Dans La première fois que je suis née, illustré par Charles Dutertre, il explore les grandes étapes de la vie, du premier bobo au premier amour, avec une sensibilité universelle.
Dans Mémé, une série d’albums tendre et insolent, il bouscule les idées reçues avec une audace irrésistible. Par son travail de mémoire, notamment avec la collection T’étais qui, toi ? chez Actes Sud Junior, il invite les jeunes lecteurs à rencontrer des figures historiques comme Napoléon, Catherine de Médicis ou Sitting Bull, sans le filtre scolaire.




Un style libre, une trajectoire rock’n’roll
Avec plus de 50 livres publiés, traduits en 15 langues, Vincent Cuvellier poursuit son chemin sans suivre les sentiers battus. Pour lui, écrire, c’est ouvrir des fenêtres, faire du bruit, et laisser les émotions déborder. Tant pis si ça déborde un peu.

Pour en savoir plus sur Vincent Cuvellier
Découvrez son univers et ses œuvres sur son site officiel : vincentcuvellier.com/biographie.